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Laboratoire d'Innovation des Acteurs des Politiques Publiques
12 janvier 2017

Transformer une friche industrielle en immeuble vivant

Le devenir des friches industrielles et commerciales questionne l'urbaniste. On a pu parfois les transformer en lieu artistique emblématique comme le prouve la métamorphose des usines d'allumettes du quartier de la Belle de mai de Marseille en une "friche" artistique d'une grande richesse. Mais le plus souvent, la mutation passe par une démolition, parfois douloureuse, et la récupération par un promoteur qui construit, sur le même site, une résidence d'habitation dépourvue de toute activité économique.

Ne peut-on pas inventer d'autre manière de faire évoluer ces lieux en fin de vie? Peux-t-on proposer d'autres avenir à ces lieux sur le déclin? On imagine ici la mutation d'une friche commerciale en un immeuble intelligent qui procure aussi des emplois.

 

Le garage Citroën de Plombière à Marseille ressemble exactement au jouet garage à voiture que certains enfants se faisaient offrir à Noël: un parking sur le toit, une rampe permettant de descendre les voitures, un espace vitré de vente au rez de chaussée, un garage de réparation et des bureaux au premier étage. L'ensemble est  imposant: 5000 m2 de terrain, 3000 m2 bâti représentant une surface utilisable de près d'un hectare. Installé dans une zone de passage quotidien des Marseillais et des migrants pendulaires venant travailler dans la cité phocéenne, disposant de surface de parking important, le garage, fermé en 2014, constitue une friche disposant d'un potentiel commercial intéressant mais qui est handicapé par la disposition particulière de son bâtiment.

Nous allons exposer ici comment on pourrait transformer cet espace -devenu inutile- en entreprise coopérative de vente et de production alimentaire bio. C'est un collectif de professionnels entreprenants, disposant de compétences variées qui vont prendre en main la métamorphose du garage au sein d'une structure qui prend le statut d'entreprise coopérative.

Celle-ci se fait de la manière suivante.

Au rez de chaussée, sur une grande partie de l'ancienne zone commerciale d'exposition des voitures est installé un magasin vendant à la fois des légumes bio et aussi une boulangerie avec un four fabriquant et commercialisant des pains et pâtisseries bio. Les parkings extérieurs sont transformés pour permettre la circulation et le stationnement des nombreux automobilistes de passage qui viendront se ravitailler en produits alimentaires de qualité. Le potentiel est important si le lieu permet de trouver des produits variés et si il reste ouvert le soir assez tard. La surface est assez conséquente pour qu'on imagine aussi d'autres commerces (boucherie, poisonnerie, etc...).

Les commerçants installés sont coopérateurs. A ce titre, ils logent sur place après avoir transformé eux-même les bureaux en appartements. Installés au-dessus de la boulangerie, ils profitent de la récupération de la chaleur du four à pain. Vivant sur place, ils peuvent se relayer pour ouvrir la zone commerciale tard le soir et tous les jours, ce qui est, aujourd'hui, dans les grandes villes, un atout commercial important.

Sur l'ancien parking sur le toit est installé une immense serre de 3000 mètres carrés. Elle est cultivée par les coopérateurs qui vont produire toute l'année des légumes et des fruits qui seront vendus, en circuit ultra-court, dans le magasin  du complexe de production et de commercialisation. Cette serre produit des légumes toute l'année car elle bénéficie de la récupération de la chaleur des appartements et commerces situés en-dessous.

Quant à la zone de garage de mécanique du premier étage, elle devient à la fois zone de stockage (des produits vendus, d'eau pluviale récupéré, ...), et zone de culture en intérieur (*) qui vient compléter la production de jardinage de la serre du toit.

La viabilité économique du système ainsi construit provient du circuit ultra-court : une partie des légumes est produit sans aucun frais de transport. Les coopérateurs vivent sur place, ce qui leur permet d'adapter leurs activités à la réalité des besoins de leur clientèle. La friche industrielle, ainsi reconvertie, permet de créer une agriculture urbaine de qualité puisqu'elle dispose de surfaces de culture relativement importante, tout en étant à proximité immédiate des consommateurs potentiels.

Ce modèle ainsi esquissé a cependant une faiblesse: on imagine que l'installation sur la friche va nécessiter des travaux importants et une phase relativement longue où les coopérateurs devront travailler sans que leur viabilité économique soit assuré. Pour que cette phase d'installation des coopérateurs puisse se réaliser dans de bonnes conditions, il faudra des financements relativements conséquents. Qui devra les fournir? On peut imaginer l'apport de financements publics de reconversion à l'emploi ou, à contrario, de mécénats privées. Suggérons une autre piste, plus stimulante, et dynamique: que dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises, il devienne naturel que l'entreprise d'origine de la friche prenne ainsi en charge sa reconversion. Dans l'exemple déployé ici, ce serait Citroën qui devrait prendre en charge la phase d'installation des coopérateurs et la nécessaire supervision du projet. Ainsi l'entreprise dont le logo s'est affiché pendant des années sur le fronton du garage conserverait son image en développant une activité utile. On pourra s'interroger sur l'utilité de promouvoir, dans le cadre législatif, ce type de démarche.

 

(*) la culture indoor réclame de l'énergie électrique pour chauffer la pièce et l'éclairer mais elle est compatible avec l'agriculture biologique et elle a l'avantage de produire, à surface égal, davantage pendant toute l'année. Ces avantages peuvent permettre, si on dispose de surfaces intérieurs importantes, ce qui est le cas ici, de compléter la production réalisée sur le toit.

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